Les Serres Arundel, membres de notre Cohorte écoresponsable
Tandis que l’entreprise horticole laurentienne Les Serres Arundel s’apprête à célébrer son 50e anniversaire, Guy Provost et Johanne Meilleur nous partagent la vision du développement durable qu’ils entretiennent depuis plusieurs décennies.
Qu’est-ce qui vous a incités à faire partie de la première cohorte écoresponsable de Groupex?
Guy Provost : On a toujours misé sur des initiatives qui limitaient le gaspillage. C’était le cas avec la ferme laitière qu’on avait, et c’est aussi ce qu’on fait aujourd’hui, à Arundel et Mont-Tremblant : on réutilise tout ce qu’on peut! Quand on a appris qu’il y avait une cohorte, on s’est dit que ça correspondait déjà à nos valeurs et que c’était important de continuer dans cette voie-là.
On apprend beaucoup : c’est super utile de voir comment les autres fonctionnent! Ça nous donne des trucs, de nouvelles méthodes, et on est bien encadrés. Le défi, pour une entreprise comme la nôtre, c’est de trouver le temps. Mais c’est important, et on sent que notre personnel a envie d’embarquer, d’être mieux informé.
Johanne Meilleur, propriétaire
Bien avant la popularisation de l’expression « développement durable », les Serres Arundel mettaient déjà en place plusieurs initiatives dans cette voie. Pouvez-vous nous en donner des exemples?
Guy : Avant qu’il y ait plusieurs options de recyclage comme aujourd’hui, on faisait déjà notre possible pour que nos matières soient récupérées. Tout le plastique était conservé pour une entreprise qui le récupérait : ce n’était pas toujours simple, surtout quand elle a déménagé aux États-Unis et qu’on a dû accumuler des pots pendant 3-4 ans avant de trouver un nouveau récupérateur! En parallèle, on essayait aussi de conserver le plastique des serres un peu plus longtemps. Quand c’est le temps de le changer, on le sépare en plus petites parties pour que notre clientèle qui veut se faire de petits abris pour le jardin ou une serre maison en profite. Ça permet de réutiliser le plastique au lieu de l’envoyer au recyclage
Pour ce qui est des pots, ils sont maintenant récupérés une fois par an. On envoie juste ceux qui sont brisés et inutilisables, car on continue de les réutiliser aussi longtemps que possible. On invite aussi nos clients à rapporter leurs contenants : ensuite, ils sont reclassés en fonction de leur état. Cette année, on instaure un plus beau système de bacs, pour que la clientèle ait plus de facilité à trier ses contenants usagés à nos deux centres jardins.
Johanne Meilleur, propriétaire
Guy: À l’époque, il fallait trouver une entreprise pour laver le plastique et une autre qui le recyclait. Maintenant, c’est la même compagnie qui fait les deux et c’est beaucoup plus pratique!
Quels sont les changements que vous avez apportés au niveau du chauffage?
Guy: Après avoir chauffé au bois et à l’huile, on a changé notre système pour chauffer seulement au bois et à la biomasse. La charge de travail pour le bois était grande : le volume à chauffer avait beaucoup augmenté, et on était rendus à 3 cordes par jour. À la biomasse, c’est devenu automatique : les résidus du moulin, l’écorce… Maintenant, une partie est achetée des centres de tri. C’est sûr que c’est avantageux de ne pas utiliser d’huile – et l’odeur est vraiment meilleure. Lorsque le prix de l’huile a beaucoup augmenté, nos coûts sont restés stables parce qu’on l’avait déjà éliminée.
Du côté de l’économie d’eau, quelles techniques avez-vous mises en place pour remplacer l’arrosage par aspersion?
Guy : On a complètement éliminé le système de sprinklers parce qu’il nécessitait beaucoup d’eau et entraînait du gaspillage. Depuis, on arrose une partie à la main, et on a des tables inondantes pour arroser le reste par en dessous et récupérer l’eau après l’arrosage. On a aussi installé un carrousel pour peser les paniers et déterminer la quantité d’eau voulue en fonction du poids. Quand c’est bien calibré, on emploie exactement la quantité d’eau nécessaire, ce qui évite aussi le gaspillage.
Johanne : On voit vraiment la différence. On avait moins de serres et il y avait des pénuries d’eau. Maintenant on a une plus grande superficie et on n’en manque pas.
Johanne : On voit vraiment la différence. On avait moins de serres et il y avait des pénuries d’eau. Maintenant on a une plus grande superficie et on n’en manque pas.
Avez-vous aussi changé votre approche pour lutter contre les insectes ravageurs?
Guy : Maintenant, dans la mesure du possible, on utilise uniquement des produits bios et des insectes prédateurs. Les arrosages sont vraiment réservés aux cas majeurs, par exemple quand il y a une période de grande chaleur et on doit agir très vite avant de tout perdre, ce qui est assez rare. Côté légumes (tomate, concombre, piments), on réussit sans pesticides et les prédateurs fonctionnent bien. Côté fleurs, c’est plus difficile parfois.
Johanne : La méthode de culture est différente : il faut être très proactifs et prévoir quels insectes utiliser avant qu’il y ait une infestation. Ça change notre façon de faire. On doit les intégrer au tout début. Si l’insecte ravageur a déjà pris le dessus, c’est à ce moment qu’on n’a pas le choix d’utiliser les produits. Heureusement, ça reste rare et ce n’est jamais un arrosage généralisé.
Quelles sont les autres initiatives en cours pour limiter le gaspillage aux Serres Arundel?
Johanne : On fait de la vente en vrac… depuis les années 70! Les gens viennent avec leur véhicule acheter exactement la quantité de terreau dont ils ont besoin, ce qui réduit énormément l’utilisation des sacs de plastique. Depuis 2 ans, on utilise aussi des pots biodégradables en fibre de carton pour les légumes et les fines herbes.
Pouvez-vous compter facilement sur la participation des clients pour ce type de démarche?
Johanne : De façon générale, oui. Le terreau en vrac et la récupération des pots, ça fonctionne vraiment bien. Quand les gens savent que la possibilité est offerte, ils le font. Depuis plusieurs années, notre clientèle arrive au printemps avec tous ses pots. Je pense qu’il n’y a pas de problème de participation, le travail à faire est principalement au niveau de la communication.
Quelles sont les initiatives de communication que vous employez pour informer les consommateurs des pratiques écoresponsables?
Johanne : On utilise maintenant les réseaux sociaux. Par exemple, on a diffusé une vidéo qui explique notre système de chauffage à la biomasse, on fournit des infos sur la réutilisation de pots… On organise aussi des activités, comme dans le temps des courges. C’est très populaire auprès des familles! Notre page Facebook sert principalement à ça. Il y a aussi des écoles des environs qui viennent nous rendre visite aux serres et on leur apprend plusieurs choses.
Aimeriez-vous souligner d’autres projets que vous développez actuellement?
Johanne : On essaie de favoriser la biodiversité : ça nous tient à cœur. On est entourés de champs. Il y a même un producteur de miel qui a installé ses ruches! Certains champs sont en production de maïs, d’autres de sapins de Noël, mais on en laisse d’autres libres pour que les fleurs naturelles puissent pousser et attirer les pollinisateurs. On va continuer dans cette voie.
Quels sont vos prochains défis à relever
Guy : On a participé à un programme du MAPAQ, et l’objectif est de réduire le coût en électricité des serres. Ce sont des subventions pour plusieurs choses, comme des toiles thermales, de la machinerie… Cette année, on rénove une section de nos serres qui date de plusieurs années et on vise une meilleure efficacité énergétique.
Johanne : Dans un monde idéal, on aimerait aussi arriver avec une flotte de véhicules complètement électriques, mais on n’est pas encore rendus là. On peut dire que c’est notre objectif à plus long terme!
Les Serres Arundel vous invitent à venir célébrer leur 50e anniversaire le 10 septembre prochain, de 10 h à 16 h. Au programme : visite guidée, tour de tracteur, dégustation, et plus encore. Infos : https://www.lesserresarundel.com/