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Les Jardins André Carbonneau célèbrent leur 50e anniversaire

Depuis 1972, les adeptes du jardinage de la Mauricie et de Lanaudière se donnent rendez-vous aux Jardins André Carbonneau. Quels sont les secrets derrière son succès et sa longévité? André Carbonneau, propriétaire et producteur, nous parle de son parcours, de son équipe et de son amour pour son métier.

Lorsqu’il a repris la direction de l’entreprise fondée par ses parents Alexandre et Marie-Jeanne (anciennement Centre de Jardin régional de Louiseville) au tournant des années 90, André Carbonneau ne se doutait pas qu’il développerait un jour une aussi grande passion pour la production de végétaux. « Pour moi, reprendre l’entreprise familiale, c’était le chemin de la facilité… de la paresse, presque! », affirme d’entrée de jeu l’entrepreneur de Louiseville en riant.

Sérieusement, dès l’âge de 10 ou 12 ans, je suivais mes parents partout, et j’ai tellement appris que c’est quasiment devenu naturel , poursuit celui qui a tout de même suivi une formation en horticulture ornementale et en aménagement paysager. Plus tard, il y a eu une opportunité et je l’ai saisie – mais j’étais loin d’être aussi passionné qu’aujourd’hui. Ça, c’est venu plus tard. Je me suis dit : « Wow, là j’ai vraiment trouvé ma passion!

André Carbonneau, propriétaire

Autrefois dotés de trois équipes d’aménagement paysager, les Jardins André Carbonneau se sont départis de ce volet il y a 14 ans pour se consacrer à la production et à la vente au détail. Et au cours des décennies, la superficie de ses serres a plus que décuplé.« Je suis rendu à un point de ma vie où je me concentre sur ce que j’aime. Le paysagement, ça ne me passionnait plus et je ne regrette pas d’avoir arrêté. Il y en a qui aiment l’argent, moi j’aime les plantes! Et c’est important pour moi de vendre des produits qui me rendent fier », déclare-t-il.

Trouver ce qui nous passionne – ou aimer ce que l’on fait – est peut-être le premier « secret » pour faire croître pendant plusieurs décennies un aussi populaire centre jardin, qui continue d’attirer des gens de tous les coins du Québec. Que ce soit pour obtenir conseil, acheter des produits ou encore y trouver un emploi qui fait leur bonheur.

Un entourage primordial

André, Danielle, Mireille

Le second « secret » d’André, ce serait probablement de savoir être bien entouré. L’entreprise, qui compte aujourd’hui une douzaine d’employé·e·s, peut compter sur un noyau très solide de personnes indispensables. « La pénurie de main-d’œuvre, on ne connaît pas vraiment ça! On a même récemment accueilli deux filles qui ont quitté Montréal pour venir ici. Je suis chanceux, les gens ont envie de travailler avec nous. »

À l’entendre vanter le travail de Danielle, gérante qui l’épaule depuis plus de 20 ans, ou encore celui de Mireille (depuis 15 ans) et Lyne (depuis 18 ans), on ressent la fierté de l’entrepreneur pour sa loyale équipe. Il y a aussi Lisette, qui collabore avec André chaque printemps depuis 25 ans.

Pendant la pandémie, j’ai décidé de fermer l’entreprise durant les plus grosses semaines de l’année pour protéger mon monde. C’était bien plus important! », déclare André, qui s’est fait connaître dans toute la province au début de la crise sanitaire grâce à une vidéo devenue virale.

André Carbonneau, Propriétaire

Un autre aspect majeur pour André, c’est le réseautage – que ce soit via Groupex, dont il est membre depuis 1999, ou encore d’autres regroupements horticoles ou municipaux de la Mauricie. « Dans ma vie, j’ai eu la chance de rencontrer et de voir travailler d’excellents producteurs. Ils m’ont donné plein de trucs et de conseils. S’entraider et côtoyer des gagnants, c’est essentiel! », dit André, en racontant que le fait de pouvoir échanger avec d’autres entrepreneurs et se prêter du matériel durant la crise de COVID-19 a fait toute la différence.

Ces jours-ci, les Jardins André Carbonneau se démarquent beaucoup grâce à leur page Facebook très dynamique, suivie par des dizaines de milliers de personnes. « Notre page joue un grand rôle pour nous faire connaître et rester en contact. Il y a même des gens qui sont venus nous voir de la Beauce l’autre jour parce qu’ils nous avaient découverts comme ça! » Remplie de photos et de vidéos animées par André et Mireille, cette page suscite une immense participation de la clientèle, qui commente et discute avec sa jardinerie préférée. « Ça, c’est un autre aspect que j’adore : jaser, partager avec le monde. On va continuer, c’est certain! »

Un autre projet qui occupe André et son équipe est le début d’une importante rénovation visant à rendre leurs installations plus écoresponsables, notamment en éliminant le mazout et en récupérant l’eau. « Les Jardins vont devenir le plus verts possible. C’est un projet qui me tient à cœur… pour l’environnement, mais aussi pour notre qualité de vie et notre plaisir à travailler ici! » Une initiative à suivre au cours de l’année 2022 – sur place et sur Facebook!

LA PETITE HISTOIRE

Avec un brin d’humour et beaucoup d’originalité, l’entreprise de Louiseville n’hésite jamais à rendre hommage à ses fondateurs : les parents d’André et son oncle Bruno, grand amateur de tomates. Le centre jardin contient d’amusantes plaques commémoratives et de petites attentions qui rappellent l’histoire familiale des Jardins André Carbonneau.

Mireille, une sympathique membre de l’équipe (bien connue du public, notamment grâce aux capsules vidéo sur Facebook!), partage l’une de ses anecdotes favorites : la rose de Marie-Jeanne.

« C’est une tradition commencée par Alexandre, le père d’André. Chaque année, il offrait la première rose qui fleurissait à sa femme Marie-Jeanne. Par contre, il aimait aussi faire son petit comique en offrant d’autres roses à ses clientes pour les faire sourire! André a poursuivi la tradition : chaque mois de mai, on met l’étiquette “vendu” sur le rosier qui semble le plus mûr, puis André va porter la rose sur la tombe de sa mère. La première rose est, et sera toujours, la rose de Marie-Jeanne. »

Mireille
Les tomates « BRUNO »
Rose de Marie Jeanne
André et un rosier
LA rose de Marie-Jeanne

Les Serres Arundel, membres de notre Cohorte écoresponsable

Tandis que l’entreprise horticole laurentienne Les Serres Arundel s’apprête à célébrer son 50e anniversaire, Guy Provost et Johanne Meilleur nous partagent la vision du développement durable qu’ils entretiennent depuis plusieurs décennies.

Qu’est-ce qui vous a incités à faire partie de la première cohorte écoresponsable de Groupex?

Guy Provost : On a toujours misé sur des initiatives qui limitaient le gaspillage. C’était le cas avec la ferme laitière qu’on avait, et c’est aussi ce qu’on fait aujourd’hui, à Arundel et Mont-Tremblant : on réutilise tout ce qu’on peut! Quand on a appris qu’il y avait une cohorte, on s’est dit que ça correspondait déjà à nos valeurs et que c’était important de continuer dans cette voie-là.

On apprend beaucoup : c’est super utile de voir comment les autres fonctionnent! Ça nous donne des trucs, de nouvelles méthodes, et on est bien encadrés. Le défi, pour une entreprise comme la nôtre, c’est de trouver le temps. Mais c’est important, et on sent que notre personnel a envie d’embarquer, d’être mieux informé.

Johanne Meilleur, propriétaire

Bien avant la popularisation de l’expression « développement durable », les Serres Arundel mettaient déjà en place plusieurs initiatives dans cette voie. Pouvez-vous nous en donner des exemples?

Guy : Avant qu’il y ait plusieurs options de recyclage comme aujourd’hui, on faisait déjà notre possible pour que nos matières soient récupérées. Tout le plastique était conservé pour une entreprise qui le récupérait : ce n’était pas toujours simple, surtout quand elle a déménagé aux États-Unis et qu’on a dû accumuler des pots pendant 3-4 ans avant de trouver un nouveau récupérateur! En parallèle, on essayait aussi de conserver le plastique des serres un peu plus longtemps. Quand c’est le temps de le changer, on le sépare en plus petites parties pour que notre clientèle qui veut se faire de petits abris pour le jardin ou une serre maison en profite. Ça permet de réutiliser le plastique au lieu de l’envoyer au recyclage

Récupération des Pots de Jardinage

Pour ce qui est des pots, ils sont maintenant récupérés une fois par an. On envoie juste ceux qui sont brisés et inutilisables, car on continue de les réutiliser aussi longtemps que possible. On invite aussi nos clients à rapporter leurs contenants : ensuite, ils sont reclassés en fonction de leur état. Cette année, on instaure un plus beau système de bacs, pour que la clientèle ait plus de facilité à trier ses contenants usagés à nos deux centres jardins.

Johanne Meilleur, propriétaire

Guy: À l’époque, il fallait trouver une entreprise pour laver le plastique et une autre qui le recyclait. Maintenant, c’est la même compagnie qui fait les deux et c’est beaucoup plus pratique!

Quels sont les changements que vous avez apportés au niveau du chauffage?

Guy: Après avoir chauffé au bois et à l’huile, on a changé notre système pour chauffer seulement au bois et à la biomasse. La charge de travail pour le bois était grande : le volume à chauffer avait beaucoup augmenté, et on était rendus à 3 cordes par jour. À la biomasse, c’est devenu automatique : les résidus du moulin, l’écorce… Maintenant, une partie est achetée des centres de tri. C’est sûr que c’est avantageux de ne pas utiliser d’huile – et l’odeur est vraiment meilleure. Lorsque le prix de l’huile a beaucoup augmenté, nos coûts sont restés stables parce qu’on l’avait déjà éliminée.

Du côté de l’économie d’eau, quelles techniques avez-vous mises en place pour remplacer l’arrosage par aspersion?

Guy : On a complètement éliminé le système de sprinklers parce qu’il nécessitait beaucoup d’eau et entraînait du gaspillage. Depuis, on arrose une partie à la main, et on a des tables inondantes pour arroser le reste par en dessous et récupérer l’eau après l’arrosage. On a aussi installé un carrousel pour peser les paniers et déterminer la quantité d’eau voulue en fonction du poids. Quand c’est bien calibré, on emploie exactement la quantité d’eau nécessaire, ce qui évite aussi le gaspillage.

 Johanne : On voit vraiment la différence. On avait moins de serres et il y avait des pénuries d’eau. Maintenant on a une plus grande superficie et on n’en manque pas.

Johanne : On voit vraiment la différence. On avait moins de serres et il y avait des pénuries d’eau. Maintenant on a une plus grande superficie et on n’en manque pas.

Avez-vous aussi changé votre approche pour lutter contre les insectes ravageurs?

Guy : Maintenant, dans la mesure du possible, on utilise uniquement des produits bios et des insectes prédateurs. Les arrosages sont vraiment réservés aux cas majeurs, par exemple quand il y a une période de grande chaleur et on doit agir très vite avant de tout perdre, ce qui est assez rare. Côté légumes (tomate, concombre, piments), on réussit sans pesticides et les prédateurs fonctionnent bien. Côté fleurs, c’est plus difficile parfois.

Johanne : La méthode de culture est différente : il faut être très proactifs et prévoir quels insectes utiliser avant qu’il y ait une infestation. Ça change notre façon de faire. On doit les intégrer au tout début. Si l’insecte ravageur a déjà pris le dessus, c’est à ce moment qu’on n’a pas le choix d’utiliser les produits. Heureusement, ça reste rare et ce n’est jamais un arrosage généralisé.

Quelles sont les autres initiatives en cours pour limiter le gaspillage aux Serres Arundel?

Johanne : On fait de la vente en vrac… depuis les années 70! Les gens viennent avec leur véhicule acheter exactement la quantité de terreau dont ils ont besoin, ce qui réduit énormément l’utilisation des sacs de plastique. Depuis 2 ans, on utilise aussi des pots biodégradables en fibre de carton pour les légumes et les fines herbes.

Pouvez-vous compter facilement sur la participation des clients pour ce type de démarche?

Johanne : De façon générale, oui. Le terreau en vrac et la récupération des pots, ça fonctionne vraiment bien. Quand les gens savent que la possibilité est offerte, ils le font. Depuis plusieurs années, notre clientèle arrive au printemps avec tous ses pots. Je pense qu’il n’y a pas de problème de participation, le travail à faire est principalement au niveau de la communication.

Quelles sont les initiatives de communication que vous employez pour informer les consommateurs des pratiques écoresponsables?

Johanne : On utilise maintenant les réseaux sociaux. Par exemple, on a diffusé une vidéo qui explique notre système de chauffage à la biomasse, on fournit des infos sur la réutilisation de pots… On organise aussi des activités, comme dans le temps des courges. C’est très populaire auprès des familles! Notre page Facebook sert principalement à ça. Il y a aussi des écoles des environs qui viennent nous rendre visite aux serres et on leur apprend plusieurs choses.

Aimeriez-vous souligner d’autres projets que vous développez actuellement?

Johanne : On essaie de favoriser la biodiversité : ça nous tient à cœur. On est entourés de champs. Il y a même un producteur de miel qui a installé ses ruches! Certains champs sont en production de maïs, d’autres de sapins de Noël, mais on en laisse d’autres libres pour que les fleurs naturelles puissent pousser et attirer les pollinisateurs. On va continuer dans cette voie.

Quels sont vos prochains défis à relever
Guy : On a participé à un programme du MAPAQ, et l’objectif est de réduire le coût en électricité des serres. Ce sont des subventions pour plusieurs choses, comme des toiles thermales, de la machinerie… Cette année, on rénove une section de nos serres qui date de plusieurs années et on vise une meilleure efficacité énergétique.

Johanne : Dans un monde idéal, on aimerait aussi arriver avec une flotte de véhicules complètement électriques, mais on n’est pas encore rendus là. On peut dire que c’est notre objectif à plus long terme!

Les Serres Arundel vous invitent à venir célébrer leur 50e anniversaire le 10 septembre prochain, de 10 h à 16 h. Au programme : visite guidée, tour de tracteur, dégustation, et plus encore. Infos : https://www.lesserresarundel.com/

Bédard & Blouin Inc- Le bonheur est à la ferme

« Le jardinage a un impact positif incroyable sur la santé physique et mentale. Notre ferme aide les gens à se reconnecter avec la nature, et c’est très précieux! », répond Sarah Bédard lorsqu’on l’interroge sur sa décision de reprendre les rênes de l’entreprise de ses parents.

Bien établie à Beauport, la Ferme Bédard et Blouin est non seulement un lieu de travail prisé, mais aussi un vaste « terrain de jeux » pour les amateurs d’horticulture et autres passionnés de la nature. L’entreprise membre de Groupex, qui emploie une cinquantaine de personnes durant la haute saison, possède une jardinerie ainsi que plusieurs serres et de vastes terres agricoles en milieu urbain.

Sarah Bédard a grandi sur la ferme familiale avant d’entamer des études en travail social et en administration. C’est en 2011 qu’elle a choisi de s’investir plus officiellement dans la direction de la Ferme Bédard et Blouin, en compagnie de son frère Nicolas. Aujourd’hui, elle veille principalement aux communications, au marketing, au service client et aux ressources humaines, tandis que Nicolas est responsable de la production. Leurs parents, Denis Bédard et Raymonde Blouin, demeurent très actifs au sein de l’entreprise.

« J’ai eu la chance d’être élevée ici, mais c’est seulement plus tard que j’ai compris l’importance du contact avec la nature », confie Sarah, qui est aussi mère de cinq enfants, en plus d’être administratrice et trésorière de notre coopérative. « J’ai réalisé qu’il fallait absolument que mon travail ait un impact social. Je pense que c’est pour ça que je travaille encore à la ferme aujourd’hui. »

 

De fil en aiguille, la jeune entrepreneure s’est mise à réfléchir à diverses manières de donner au suivant, de partager la richesse du milieu dans lequel elle vit. « Ma drive, c’est vraiment de poser des actions concrètes qui influencent positivement la vie des gens. Nos employés, nos clients, la coop, et aussi toute la communauté autour de nous », dit-elle, en mentionnant la politique de développement durable de sa ferme, qui fait partie de la cohorte écoresponsable de Groupex.

Sarah cite aussi plusieurs actions posées par la Ferme Bédard et Blouin auprès des écoles, maisons des jeunes ou centres de thérapie : don de plantes, création d’un potager, implantation d’un jardin, etc. « Pour nous, c’est juste un petit coup de pouce, mais pour les gens, ça fait toute la différence. »

Les Pouces verts

Parmi toutes les réalisations à portée sociale de son entreprise, celle dont Sarah est le plus fière reste sans contredit la garderie Les Pouces verts. « On venait d’acquérir une nouvelle terre avec une maison ancestrale, dont on ne savait pas encore quoi faire. Je me suis dit que ce serait le spot idéal pour que les enfants puissent en profiter, passer du temps dehors et apprendre. »

Inspirée par le modèle scandinave des « forest schools », qui prône la pédagogie par la nature, Sarah s’est mise à monter ce projet ambitieux, qui représentait plusieurs défis, dont l’obtention d’un permis. Elle a approché le CPE La Courtepointe, qui est aussitôt embarqué dans l’aventure et, en 2019, Les Pouces verts a finalement vu le jour.

« Nous, on avait le lieu parfait pour une garderie, et le CPE avait déjà un permis et toute l’expertise nécessaire. C’est un partenariat gagnant-gagnant : on a monté le projet ensemble, on reste propriétaires de la bâtisse et on leur prête le terrain, en plus d’organiser plusieurs petites activités pour eux, mais ce sont eux qui gèrent l’organisme au quotidien », explique Sarah avec une grande fierté. La garderie accueille actuellement environ 75 enfants et emploie une vingtaine d’éducatrices. « Les enfants jouent à l’extérieur quotidiennement et viennent nous voir à la ferme. Ils apprennent un tas de choses, comme cueillir des courges l’automne, par exemple. Ce projet-là me rend vraiment heureuse, et j’espère qu’il va continuer très très longtemps! »

 

 

 

 

Le Centre horticole Bastien célèbre ses 20 ans

Depuis avril 2002, Jessie Bogemans et Normand Bastien se réjouissent d’accueillir les passionnés de jardinage au Centre horticole Bastien de Terrebonne, qui s’est récemment doté d’un nouveau volet maraîcher. L’entreprise membre de Groupex souligne cette année son 20e anniversaire avec des promotions spéciales, des concours et une Fête des récoltes qui se tiendra le 24 septembre.

 

Bien avant la production et la vente de végétaux (annuelles, vivaces, arbres et arbustes), il y avait l’aménagement paysager, raconte Jessie Bogemans, dont la rencontre avec Normand Bastien remonte à leurs études en horticulture ornementale à l’Institut de technologie agroalimentaire. « On arrivait tous les deux d’entreprises agricoles – moi, de la Rive-Sud, et lui, de la Rive-Nord. On a commencé en aménagement paysager, mais notre objectif était d’avoir notre propre centre jardin, et il y avait vraiment un besoin à Terrebonne. Alors on s’est lancés, juste tous les deux! » se souvient celle qui est aujourd’hui entourée de 25 employés.

 

Une histoire de famille

 

 

Au début des années 2000, le couple d’horticulteurs a donc érigé son commerce sur une parcelle des terres que possédait déjà la famille Bastien pour sa gazonnière. « Il n’y avait rien du tout : c’était un champ de gazon! On a tout construit nous-mêmes » poursuit Jessie avec fierté. C’est à cet endroit, sur le chemin Martin de Terrebonne, que leur petite entreprise est devenue le vaste Centre horticole Bastien actuel, qui dessert aujourd’hui une clientèle composée de particuliers, mais aussi de municipalités, d’entreprises, de golfs, etc.

Au fil des ans, Jessie et Normand ont fait croître leur jardinerie pour atteindre une très grande variété d’espèces végétales, en plus de continuer à offrir des services de planification et d’aménagement paysager. « On a voulu créer un lieu plus champêtre que commercial, où l’on ne dispose pas les choses en ordre alphabétique, dit-elle. Un jardin paisible qui stimule l’imagination de nos clients. » Et depuis l’an dernier, c’est au tour de leur fils Maxime de diversifier l’offre : l’entreprise familiale propose maintenant un éventail de légumes cultivés en serre où les tomates ancestrales occupent une place de choix.

 

« Comme il y a peu de kiosques de fruits et légumes dans notre secteur, il y avait un fort potentiel, sauf qu’on n’avait pas le temps de s’en occuper! C’est Maxime qui, dans le cadre de sa formation en production horticole au Collège Lionel-Groulx, a créé un plan d’affaires pour développer ce volet et on l’a utilisé pour obtenir des subventions. Puis, lorsque tout s’est arrêté au début de la COVID, on en a profité pour commencer à faire pousser nos légumes » explique Jessie.

Maxime poursuit actuellement ses études à l’Université McGill en gestion agricole, tandis que le Centre horticole Bastien continue son expansion maraîchère, avec 160 000 pieds carrés supplémentaires alloués aux tomates, aubergines, melons et fines herbes. Notons que son frère Xavier et sa sœur Jeanne travaillent également au centre horticole : le premier s’occupe de l’aménagement paysager et des infrastructures, alors que la seconde assure le service à la clientèle. Tout le clan Bastien est ainsi mis à contribution dans les activités de l’entreprise familiale.

 

L’importance de s’entraider

 

En plus de pouvoir compter sur deux générations de Bastien, le Centre horticole fait aussi partie d’autres « familles » qui le soutiennent. Il y a d’abord Groupex, dont il est membre depuis 17 ans : « C’est un grand avantage pour nous de faire partie d’un regroupement d’achats, et le coup de pouce que ça nous donne en administration et en marketing est vraiment un plus », dit Jessie à propos de la coopérative. « Depuis la création de notre entreprise, j’aime rencontrer d’autres entrepreneurs pour échanger ou se donner des trucs. C’est vraiment inspirant! »

Les deux entrepreneurs de Terrebonne s’investissent aussi dans des fondations et associations actives dans leur communauté. Par exemple, Jessie dirige le volet écoterritoire de la Société de développement et d’animation de Mascouche (SODAM), dont la mission principale est de développer de nouvelles initiatives en environnement.

Normand est pour sa part président du Jardin Moore, un jardin public à vocation éducative et touristique dont tout le monde peut profiter depuis sa réouverture en 2015. Le cofondateur du Centre horticole y propose aussi de populaires formations sur l’horticulture, les jardins potagers ou la permaculture; une autre belle manière de transmettre les connaissances et le savoir-faire acquis par les Bastien au cours de ses deux belles décennies en affaires dans la MRC des Moulins.

Artis Paysage : allier arts et affaires

Depuis sa création en 2017, l’entreprise d’aménagement paysager Artis Paysage ne cesse de croître, au Québec comme au Maroc. La gestionnaire et designer de paysage Krystel Bélisle nous raconte son parcours atypique, sa rencontre avec son associée Kenza Khayatey et sa passion pour l’entrepreneuriat.

 

« Depuis que je suis toute jeune, quand j’entreprends quelque chose, j’y vais vraiment à fond! », s’exclame Krystel Bélisle qui, avant de se lancer en affaires dès l’âge de 22 ans, avait déjà une longue feuille de route en tant que danseuse professionnelle de ballet.

 

En 2010, lorsqu’elle étudiait la kinésiologie à l’Université d’Ottawa, celle-ci occupait simultanément plusieurs emplois étudiants, dont l’un dans une pépinière. C’est là qu’elle s’est initiée au secteur paysager et a eu la piqûre pour la gestion : « J’étais vraiment passionnée par la danse, mais aussi par la vente et les affaires. J’ai réorienté mes études vers l’École de gestion Telfer, puis c’est mon travail à la pépinière qui m’a inspirée à créer ma propre compagnie : Garden Staging. »

 

Cette première entreprise de Krystel, qui consistait à proposer des flips extérieurs en vue de la mise en vente de propriétés, a connu un franc succès pendant deux ans. « Garden Staging était une bonne façon pour moi de faire appel à ma créativité, au côté artistique que j’avais développé en danse, mais aussi à mon côté gestionnaire », estime la jeune entrepreneure.

 

De Stonehaven à Artis Paysage

En plus d’offrir un excellent contexte d’apprentissage pour Krystel, Garden Staging a contribué à l’expansion de ses contacts dans le secteur paysager et immobilier. « J’approchais des courtiers pour proposer mes services. Ça m’a permis d’acquérir une quinzaine de nouveaux clients. » C’est en 2016 qu’un client satisfait lui a ensuite proposé son premier projet d’envergure : Stonehaven Le Manoir.

 

Situé à Sainte-Agathe-des-Monts, Stonehaven est un manoir historique reconverti en luxueux hôtel dont le jardin exigeait une restauration complète. « C’était une occasion unique de montrer ce dont j’étais capable en conception! Le projet était stimulant parce qu’il demandait une grande réflexion et d’importantes recherches sur l’histoire du bâtiment », se souvient-elle.

 

Afin de concevoir ce jardin hors-norme (qui a d’ailleurs donné naissance au logo de l’hôtel), la designer s’est entourée de trois stagiaires en architecture du paysage. L’une d’entre elles était Kenza Khayatey, sa future associée : « On avait vraiment une belle synergie, et on se complétait sur tous les points! Je sentais que, comme moi, elle valorisait l’aspect artistique du projet. Ça nous a donné envie de démarrer une boîte ensemble : Artis Paysage. »

L’union fait la force

Depuis 2017, les deux femmes gèrent ainsi une entreprise qui se spécialise en conception, réalisation et entretien de jardins résidentiels et commerciaux. Krystel s’occupe des opérations au Québec (Montréal, Laurentides et Rive-Sud), tandis que Kenza chapeaute celles au Maroc, où elle est retournée s’établir durant la pandémie. L’équipe québécoise d’une quinzaine de personnes comprend aussi Romain Renoult, un nouvel associé qui veille à la qualité des réalisations québécoises.

 

Ces jours-ci, les nouveaux projets d’Artis Paysage se multiplient, si bien qu’elle se dotera cette année d’une équipe basée dans les Laurentides, en raison de la forte demande – à Tremblant, à Saint-Sauveur et à Saint-Hippolyte, notamment. Krystel envisage même, à court terme, une expansion aux États-Unis.

« Sans l’aide de réseaux comme Groupex, on n’y arriverait tout simplement pas! Faire partie d’un regroupement d’acheteurs accroît notre crédibilité auprès des clients et simplifie énormément notre processus d’achat. Le soutien de Groupex nous épargne aussi du temps de gestion, qu’on peut alors consacrer à tous les beaux projets qu’on mène », estime-t-elle.

 

Krystel cite également d’autres réseaux et partenariats qui contribuent à la croissance de son entreprise, notamment l’APPQ, Rocvale et MU Architecture. « Tout au long de mon parcours, j’ai échangé avec plusieurs personnes qui m’ont permis d’apprendre et de grandir en tant que designer du paysage. J’ai aussi rencontré plusieurs femmes entrepreneures, dont la présidente des Elles de la construction, qui m’ont beaucoup inspirée dans ma démarche », raconte Krystel, qui a très hâte de dévoiler cette année plusieurs nouvelles réalisations de prestige.

 

 

Texte : Marie Mello

Photographies : Joëlle Poirier